L’usure est la détérioration que produit l’usage. Au niveau des tissus dentaires, c’est une manifestation physiologique, cumulative et irréversible qui revêt parfois un caractère pathologique. Afin d’améliorer la prévention et le diagnostic des lésions d’usure anormales, l’objectif principal de cet article est de présenter certains mécanismes fondamentaux dont elles dépendent. Avec l’objectif de systématiser les données, les approches tribologique et anthropologique ont été retenues dans ce manuscrit consacré à l’usure abrasive à trois corps, encore dénommée « abrasion » en odontologie.
MÉCANISMES TRIBOLOGIQUES
Dans un précédent article [1] consacré à l’usure abrasive à deux corps ou « attrition », nous avons vu que quatre mécanismes principaux d’usure (i.e. usure abrasive, usure adhésive, usure de fatigue et usure tribo-corrosive) pouvaient coexister au niveau des structures dentaires et des matériaux restaurateurs. Ils interagissent le plus souvent, ce qui potentialise leurs effets et complique leur diagnostic différentiel.
Le plus fréquent des mécanismes est l’usure abrasive à trois corps. D’un point de vue tribologique, cette dernière correspond au déplacement de deux corps solides l’un contre l’autre avec interposition de particules abrasives interstitielles qui constituent le troisième corps. Elle se nomme simplement « abrasion » en odontologie (du latin abrasio, enlever en grattant), ce qui peut porter à confusion. Son importance est essentiellement liée à la taille, à la forme et à la dureté des particules interstitielles [2]. Deux modèles d’abrasion à trois corps sont à distinguer en fonction de la proximité des corps solides en mouvement (fig. 1a-b) [3] :
- lorsque les deux corps sont distants, les particules abrasives sont libres de se déplacer et elles agissent comme une suspension abrasant l’ensemble des surfaces. Seule une faible proportion de particules…