L’usure est la détérioration que produit l’usage. C’est une manifestation physiologique qui revêt parfois un caractère pathologique. Elle est alors susceptible d’engendrer des douleurs, de diminuer la fonction, d’altérer l’esthétique et/ou elle n’est pas corrélée à l’âge des individus. Pour ajouter à la confusion elle dépend de nombreux mécanismes complexes, synchrones ou séquentiels, synergiques ou additifs qui souvent masquent sa véritable origine. Aussi, dans le but d’améliorer la prévention et le diagnostic des lésions d’usure anormales et de mieux comprendre leurs diverses expressions, l’objectif principal de cette nouvelle rubrique est de présenter, sous forme d’articles synthétiques, les mécanismes fondamentaux dont elles dépendent. Afin de systématiser les données, l’approche tribologique a été retenue dans ce manuscrit consacré à l’usure abrasive à deux corps encore dénommée « attrition » en odontologie.
NOTIONS DE TRIBOLOGIE
L’usure est un terme générique communément employé en odontologie pour décrire différents phénomènes mécaniques et chimiques (fig. 1) que la tribologie (du grec ancien tribos, frottement) permet de systématiser [1,2]. Cette science et technologie introduite en 1966 par Peter Jost regroupe l’étude de la friction, de la lubrification et de l’usure [3]. Elle étudie des phénomènes susceptibles de se produire entre différents systèmes matériels en contact, immobiles ou animés de mouvements relatifs. Selon cette approche, il est possible d’assimiler la cavité buccale à un tribosystème composé de quatre éléments (fig. 2) [4] :
- une partie solide représentée par une dent, restaurée ou non ;
- une contrepartie fréquemment représentée par un solide (dent antagoniste, tissus mous, objet) et plus rarement par un liquide, un gaz, ou une combinaison de ces différents éléments ;
- un élément interfacial, non systématique, représenté…