Les troubles des conduites alimentaires (TCA) dont l’anorexie mentale et la boulimie sont des troubles graves, évoluant sur une longue durée. Ils affectent des enfants, des adolescents et des adultes des deux sexes avec une prédominance féminine et nécessitent des soins spécialisés et pluridisciplinaires. Les complications physiques et psychologiques sont sévères avec un retentissement individuel, familial et social majeur, car trop souvent les soins ne sont pas suffisamment précoces. Les troubles anxieux, dépressifs et les addictions sont fréquemment associés aux TCA. Sur le plan somatique, les principales complications sont cardiovasculaires, gastro-intestinales, métaboliques, osseuses et reproductives [1].
La première étude clinique sur les complications bucco-dentaires des TCA a été publiée il y a plus de 40 ans et a rapporté une prévalence élevée d’usure érosive, de caries et de perturbations salivaires dans une cohorte de 39 femmes âgées de 14 à 42 ans souffrant d’anorexie mentale [2]. Les revues systématiques publiées depuis concluent à un risque augmenté de lésions d’usure érosives et de lésions carieuses liées aux perturbations alimentaires et aux vomissements [3, 4]. Les complications parodontales ont été étudiées plus récemment. Une prévalence accrue de gingivite liée à la plaque et de récessions gingivales a été observée [5]. Toutefois, très peu d’études cliniques se sont intéressées au versant thérapeutique, qu’il soit restaurateur ou parodontal, dans cette population à besoins spécifiques. Le praticien est ainsi souvent dérouté devant des situations cliniques complexes lorsque les patients consultent tardivement et dans un contexte où les facteurs de risque sont peu contrôlables. Cet article a pour objectifs de rappeler les recommandations de prise en charge pour le chirurgien-dentiste des personnes avec un TCA développées par la Haute Autorité de Santé (HAS) (https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2019-09/fs_boulimie_prise_en_charge_dentaire_v2.pdf)…