La définition la plus consensuelle et la plus récente de la douleur neuropatique (DN) est une douleur entraînée par une lésion ou une maladie du système somatosensoriel [1]. Le système somatosensoriel permet la perception du toucher, de la pression, de la douleur, de la température, de la position, du mouvement et des vibrations. Les DN de la cavité orale sont nombreuses, leur incidence est relativement faible. Il s’agit majoritairement des conséquences d’actes endodontiques, de chirurgie orale ou même d’étiologie idiopathique [2]. Le diagnostic de DN repose essentiellement sur un examen clinique rigoureux et peut s’adjoindre différents questionnaires comme le DN4 [3]. Le traitement des DN repose sur différentes approches médicales et chirurgicales [1]. La prise en charge médicale repose sur des médicaments spécifiques, les DN ne répondent pas aux antalgiques non morphiniques et sont pris en charge essentiellement par des médicaments appartenant à la classe des antidépresseurs et des antiépileptiques. Nous décrirons dans cet article la pharmacologie de ces traitements. Ils présentent une utilisation souvent complexe de par leurs nombreux effets indésirables, leurs interactions médicamenteuses et leur efficacité relativement modeste. Enfin, nous rappellerons leurs principales règles d’utilisation.
Les médicaments
Les antiépileptiques
Il existe actuellement une vingtaine de médicaments antiépileptiques (MAE) commercialisés en France. Leur classification repose sur leur degré d’ancienneté distinguant les antiépileptiques d’ancienne génération (comme la carbamazépine ou la phénytoïne) des MAE de nouvelle génération (comme la prégabaline ou le topiramate). Les MAE agissent en modulant la transmission synaptique et en modifiant l’excitabilité neuronale. Certaines molécules bloquent la transmission synaptique glutamatergique, excitatrice, d’autres activent la transmission synaptique GABAergique, inhibitrice. Enfin…