En Europe, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et maintenant l’Espagne abordent le stress professionnel et ses conséquences en médecine bucco-dentaire [5, 6]. En France, ce sujet a semblé rester « secondaire » pendant de nombreuses décennies ; ce sont les risques professionnels (radiologiques, biologiques, chimiques) qui ont fait l’objet de nombreuses évolutions, souvent salvatrices pour les équipes soignantes. Il a fallu attendre la dernière décennie pour que l’épuisement professionnel, mais également les troubles musculo-squelettiques (TMS), soient observés à travers des enquêtes nationales (58 % des praticiens concernés par l’épuisement professionnel, 75 % des praticiens touchés par les TMS) [7, 8]. Elles ont permis d’objectiver ces faits corroborant les données issues de la littérature internationale [9, 10]. Dans un contexte à la fois d’accélération, d’évolution globale et quasi constante du travail (normalisation, réglementations, offre de soins concurrentielle, digitalisation…) et d’un niveau de stress élevé endémique à la profession, les chirurgiens-dentistes sont sollicités en permanence quant à leurs capacités d’ajustement/adaptation. De plus, la crise sanitaire de la Covid-19 (comme le VIH ou le prion en leur temps) a été un facteur de risque additionnel, à la fois pour la santé physique (infection respiratoire sévère) et pour la santé mentale des praticiens, notamment à travers les incertitudes relatives à la connaissance du SARS-CoV-2 et du fait de l’impact organisationnel engendré [11].
Malgré cela, l’évocation de la problématique des risques psychosociaux et de leurs conséquences, notamment sur la santé mentale, reste un sujet sensible suscitant certaines réticences parmi les professionnels. Pourquoi ? Marqué socialement par une certaine invulnérabilité, le professionnel de santé ne peut faillir, en particulier en matière psychologique. De plus, il exerce un métier éminemment…