Rôle des solvants dans les systèmes adhésifs amélo-dentinaires

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  • Publié le . Paru dans Biomatériaux Cliniques n°2 - 15 octobre 2017
Information dentaire
L’adhésion aux tissus dentaires minéralisés est considérée comme l’une des grandes révolutions de la dentisterie contemporaine [1]. Si l’adhésion à l’émail est parfaitement maîtrisée depuis ses débuts en 1955 [2], l’adhésion à la dentine, décrite beaucoup plus tardivement [3], reste plus sensible, difficile à obtenir et à pérenniser dans le temps. Cette difficulté provient d’une organisation et d’une composition totalement différente entre ces deux tissus. Alors que l’adhésion à l’émail s’obtient par la réalisation de microrugosités dans sa structure en prismes, constituée à 97 % en poids de minéral, l’adhésion à la dentine repose sur la formation d’une zone d’interpénétration de deux réseaux présentant des caractéristiques chimiques antagonistes.

Structure et composition de la dentine : un challenge pour l’adhésion

La dentine est composée (en poids) :
– d’une phase minérale à 70 %, majoritairement constituée d’hydroxyapatite ;
– d’une phase organique, très riche en collagène, pour 20 %. Le collagène est organisé sous forme d’un réseau, souple et déformable, dont les caractéristiques mécaniques sont améliorées par l’hydroxyapatite de la phase minérale ;
– d’eau à 10 %. Cette phase aqueuse se divise elle-même en eau libre dans le tissu et eau liée, qui fait partie intégrante de la structure du tissu dentinaire.
 
Dans cet environnement riche en eau, les cliniciens tentent chaque jour de coller des matériaux composites, à base de polymères, qui présentent un très fort caractère hydrophobe. Sur quelle technologie se fonde l’adhésion à la dentine pour pouvoir réaliser cette prouesse au quotidien ?

BMC 2-2017 : Rôle des solvants dans les systèmes adhésifs amélo-dentinaires from Espace ID on Vimeo.

Adhésion à la dentine

L’adhésion à la dentine est décrite depuis 1982 [3] (la couche hybride n’est décrite en tant que telle que trois ans plus tard [4]). Elle repose sur le prétraitement de la dentine par de l’acide orthophosphorique. Ce mordançage élimine la phase minérale de la dentine et laisse apparaître le collagène sous forme d’un réseau de fibres.
 
L’objectif est alors d’infiltrer ce réseau par un polymère. Malheureusement, les polymères sont des structures hydrophobes ; il est donc difficile d’obtenir une bonne imprégnation du réseau de collagène par des polymères.
 
La stratégie pour obtenir une adhésion efficace à la dentine repose sur l’utilisation de monomères hydrophiles [5, 6]. Ce sont des molécules amphiphiles qui possèdent un groupement fonctionnel hydrophile et une partie hydrophobe.
 
Le caractère hydrophile de ces molécules leur permet de pénétrer au sein du réseau de collagène, dans les espaces interfibrillaires.

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