L’examen clinique des structures d’appui chez l’édenté total revêt une importance capitale et ce, quel que soit le type de prothèse envisagé. En effet, l’équilibre prothétique dépend en grande partie de la qualité et de la quantité du support osseux sous-jacent.
Souvent, le praticien est amené à gérer des crêtes résorbées nécessitant d’envisager différentes modalités thérapeutiques conventionnelles ou chirurgicales, afin d’améliorer la rétention et la stabilité de la prothèse amovible complète, surtout mandibulaire [1]. Mais dans bien des cas [2], les crêtes édentées présentent des excroissances osseuses : on parle d’hypertrophies, qui peuvent être localisées ou généralisées, intéressant le maxillaire ou la mandibule [3,4].
Les étiologies demeurant méconnues, différentes hypothèses ont été décrites : processus génétiques, microtraumatismes, intoxications médicamenteuses [5,6]…
La prise en charge des hypertrophies nécessite généralement une intervention chirurgicale lors des thérapeutiques préprothétiques, visant à un remodelage osseux compatible avec un résultat esthétique et fonctionnel, notamment un soutien labio-jugal adéquat et un espace prothétique suffisant [7]. Cependant, dans bien des cas, la chirurgie n’est nullement nécessaire, même si le volume osseux apparent est nettement augmenté.
L’objectif de ce travail est de décrire, à travers un cas clinique, la démarche analytique et thérapeutique dans la prise en charge des patients édentés totaux présentant des hypertrophies généralisées avec une optique plus conservatrice, optimisant à la fois le résultat esthétique et l’équilibre prothétique.
Observation clinique
Un patient âgé de 53 ans, en bon état de santé générale, se présente au service de prothèse pour une réhabilitation prothétique amovible complète bimaxillaire. Le patient, dont toutes les dents ont été extraites, n’a jamais été appareillé.