La compensation d’un édentement total présente toujours des difficultés, certaines classiques (qualité de la rétention, esthétique, confort pour le patient), d’autres plus subtiles qui ne sont pas toujours visibles au premier coup d’œil. Sur le plan anatomique notamment, il n’est pas rare qu’une crête flottante, des tori ou encore des balcons osseux vestibulaires complexifient notablement la réalisation des prothèses complètes [1,2]. Ainsi, même lorsque le plan de traitement semble évident, une observation clinique rigoureuse de l’environnement « parodontal » modifié en l’absence des dents permet d’anticiper d’éventuelles difficultés anatomiques et de les lever en amont par des moyens chirurgicaux. De la même façon, cette observation associée à des examens complémentaires permettra de prévoir l’éventuelle pose d’implants qui, si elle ne précède pas nécessairement la pose de la prothèse, doit être de préférence d’emblée intégrée au plan de traitement. Ceci étant dit, dans certaines situations, les aménagements « parodontaux » nécessaires sont impossibles, compte tenu du contexte médical global ou de l’impossibilité chirurgicale. Pour les mêmes raisons, la pose d’implants comme complément de rétention peut se retrouver non recommandée ou sera envisagée en s’affranchissant des règles habituelles.
C’est une situation classique à la consultation de prothèse maxillo-faciale dans laquelle les patients présentent souvent des antécédents complexes : chirurgie d’exérèse, radiothérapie, etc.
C’est le cas de cette patiente, adressée par nos confrères ORL pour une réhabilitation prothétique et dont nous allons détailler le plan de traitement au cours de cet article.
Contexte médical
Madame V., âgée de 80 ans au moment de la consultation, a été traitée en 2014 pour un carcinome épidermoïde du voile du palais classé T2N2M0 (7e TNM), c’est-à-dire d’étendue modérée…