De nos 50 années d’expérience dans le diagnostic et le traitement du dysfonctionnement cranio-mandibulaire, nous avons connu différentes approches. Du SADAM à l’ADAM [1], du dysfonctionnement temporo-mandibulaire, ancien terme restrictif, au dysfonctionnement cranio-mandibulaire cher aux Anglosaxons, le diagnostic est sensiblement le même, seul le traitement diffère. C’est ainsi que nombre d’orthèses ont vu le jour. Tout à tour elles sont placées au maxillaire, puis à la mandibule. Elles recouvrent toute l’arcade dentaire ou sont en deux parties, ou encore n’intéressent que les incisives pour être, depuis peu, en résine molle !
Le choix de l’orthèse et son réglage dépendent essentiellement de la rigueur du diagnostic du dysfonctionnement mandibulaire et de la compréhension de ses causes. Il est soit de nature exclusivement musculaire, soit de nature musculo-articulaire. Dans le premier cas, ce sont des contacts dentaires disharmonieux, dans le second cas, ce sont des troubles articulaires. Que cela soit l’un ou l’autre, les algies n’apparaissent qu’en cas de bruxisme. Il est donc indispensable d’en connaître l’origine afin de pallier ses effets. L’étude neurophysiologique de la motricité mandibulaire et l’influence du système limbique permettent de comprendre les causes du serrement des mâchoires.
Il y a plus de trente ans, nous nous sommes aperçus que les patients souffrant de dysfonctionnement cranio-mandibulaire se plaignaient également de cervicalgies, de céphalées, de lombalgies et de douleurs oculaires. Existe-t-il un lien neurophysiologique qui explique cela ? Les relations nerveuses entre les contacts dentaires, la posture et l’œil n’apparaissent pas évidentes au premier abord. L’étude des planches anatomiques a permis de comprendre les relations existantes entre les différents nerfs crâniens. C’est ainsi que nous nous sommes aperçus que le nerf trijumeau, les nerfs oculomoteurs, le nerf…