La dentisterie moderne, mini-invasive et esthétique, est profondément influencée par les progrès obtenus par la science de l’adhésion. L’adhésion aux tissus dentaires utilise principalement la théorie de la diffusion proposée par Voyutskii [1] au début des années 60. Dans cette théorie, l’adhésion résulte de la diffusion de monomères d’un pré-polymère dans un autre polymère. L’interface entre les deux matériaux disparaît au profit d’une interphase dont les propriétés physico-chimiques varient en continu. La réalisation de cette interphase, dénommée couche hybride pour la dentine inter-canaliculaire, nécessite une déminéralisation qui s’effectue soit en mode MR (Mordançage-Rinçage) avec des molécules acides (acide phosphorique à 37 %), soit en mode SAM (Système Auto-Mordançant) avec des monomères acides (comme le monomère 10-MDP) soit en mode auto-adhésif avec les ciments verres-ionomères [2]. L’infiltration secondaire de l’adhésif après déminéralisation en mode MR, ou l’infiltration concomitante en mode SAM, permet d’obtenir la couche hybride résine-collagène qui donne l’ancrage micromécanique de type Velcro.
Bien que cette adhérence micromécanique soit très performante, elle s’avère insuffisante à long terme, dans le milieu buccal. L’interphase résine-collagène est vulnérable et se détériore essentiellement par l’hydrolyse du polymère résineux associée à la dégradation du biopolymère collagénique [3]. En conséquence, la recherche axée sur le collage à la dentine s’est concentrée sur le développement de matériaux adhésifs qui favorisent les performances à long terme et sur les stratégies de collage qui empêchent la dégradation.
En ce sens, une déminéralisation modérée permet de maintenir un réseau d’hydroxyapatite (HAp) qui protège le collagène et permet également d’envisager une interaction chimique entre les monomères et l’HAp qui favorise la stabilité…