L’administration de médicaments à la femme enceinte est essentiellement étudiée par le prisme du risque tératogène ou fœtotoxique. Pourtant, les modifications physiologiques survenant au cours de la grossesse pour permettre la croissance et le développement du fœtus peuvent entraîner des changements dans la pharmacocinétique de certains médicaments et conduire à une modification de la réponse au traitement. Le maintien d’un rapport bénéfice/risque favorable à la mère, mais aussi au fœtus, doit être recherché. Il s’avère donc fondamental de comprendre ces modifications pour ajuster, au mieux, les schémas posologiques des médicaments durant la grossesse. Cet article a pour objectif de faire la synthèse des principales modifications pharmacocinétiques rencontrées chez la femme durant la grossesse afin d’éclairer les choix du pharmacologue dans cette population particulière.
Absorption
Au cours de la grossesse, l’imprégnation hormonale progestative, ainsi que les modifications de sécrétion de la relaxine et de la motiline allongent le temps de vidange gastrique et abaissent la motilité intestinale. Parallèlement, l’augmentation du pH gastrique (jusqu’à une plage alcaline) modifie l’état d’ionisation des médicaments administrés par voie orale. Malheureusement, la quantification de ces phénomènes et leurs répercussions cliniques sont peu décrites, surtout lors d’administrations répétées [1]. Finalement, les vomissements, en particulier s’ils sont fréquents, sont l’un des changements les plus susceptibles de diminuer significativement l’absorption orale des médicaments (tableau 1) [2].
La voie orale n’est pas la seule voie d’administration impactée par la grossesse. Les médicaments administrés par voie parentérale (intramusculaire, intraveineuse et sous-cutanée) ne sont pas totalement épargnés. En effet, l’augmentation du débit cardiaque majore le débit sanguin…