Le plancher buccal est une région anatomique familière du chirurgien-dentiste, et paradoxalement redoutée. Cette ambivalence vient certainement du fait de la complexité de son anatomie, et de la présence d’éléments anatomiques riches et variés tant sur le plan nerveux, vasculaire, musculaire que glandulaire.
La survenue d’une plaie ou d’une blessure du plancher buccal au cours d’actes odontologiques n’est malheureusement pas si rare. Celles-ci peuvent survenir lors d’actes de chirurgie orale (dérapage de l’instrumentation chirurgicale : élévateur, syndesmotome, fraise à os ou fraise Zekrya, par exemple), ou bien lors de soins prothétiques (instrumentation rotative) intéressant la face linguale du couple prémolo-molaires le plus souvent. La plaie peut être plus ou moins profonde, et son caractère plus ou moins hémorragique en fonction de sa topographie. Un diagnostic et un « bilan lésionnel » doivent être réalisés immédiatement après l’évènement iatrogène, afin d’opter pour une thérapeutique d’urgence et son suivi à distance [1]. Quelle que soit l’étiologie de l’effraction, il convient au praticien de garder son calme, de répondre à son devoir d’information envers le patient, et de le rassurer sur la situation.
Rappels anatomiques [2]
Le plancher buccal, ancienne région « glosso-sus-hyoïdienne » de Blandin, comprend toutes les parties molles qui ferment en bas la cavité buccale. Il est circonscrit en avant par le corps de la mandibule, en arrière par l’os hyoïde. Il est limité par un plan musculaire formé par un muscle aplati tendu de la ligne oblique interne de la mandibule à l’os hyoïde : le muscle mylo-hyoïdien. Celui-ci divise le plancher buccal en deux étages, l’un inférieur, l’autre supérieur. La partie inférieure correspond à la région submandibulaire, la partie supérieure à la région sus-hyoïdienne ou sublinguale.
Musculature du plancher buccal
Le muscle mylo-hyoïdien