Nos patients porteurs de fentes labio-palatines (FLP) présentent pour la majorité d’entre eux des agénésies dentaires ou des dents dysmorphiques [1] au niveau de la fente alvéolaire. Nous devons donc nous interroger sur le meilleur choix thérapeutique possible et sur le service rendu à long terme aux patients : faut-il fermer l’espace en substituant la canine à l’incisive latérale ou l’ouvrir pour remplacer la dent absente par une réhabilitation prothétique ou implanto-prothétique ?
Les débats argumentés et passionnés de ténors de l’orthodontie tels que Zachrisson [2] et Kokich [3], sur le dilemme de fermer ou de rouvrir l’espace en cas d’agénésie de l’incisive latérale maxillaire dans la population en général ont animé les congrès scientifiques de ces dernières décennies et fait l’objet de nombreuses publications. Chacun d’entre eux obtient cependant d’excellents résultats sur le plan clinique, grâce à une approche individualisée et pluridisciplinaire pour chaque patient.
Qu’en est-il pour nos patients porteurs de FLP ?
En présence d’une fente, l’agénésie de l’incisive latérale soulève des questions beaucoup plus complexes, qui se projettent bien au-delà des discussions rhétoriques entre partisans de la fermeture ou de la réouverture de l’espace chez le patient non porteur de fente. En effet, la fermeture orthodontique de l’espace peut être indiquée en denture définitive pour des cas bien particuliers de FLP, mais elle risque d’entraîner des effets iatrogènes irréversibles sur le plan fonctionnel et esthétique si elle est accomplie orthopédiquement en néonatal avant la réparation chirurgicale primaire [4]. L’hypomaxillie fréquente chez les FLP représente le plus souvent une contre-indication de la fermeture d’espace dans le cas d’agénésies dentaires, mais la qualité du parodonte souvent insuffisante dans la région de la fente alvéolaire compromet parfois la survie…