Alors que la grande majorité des patients s’adaptent rapidement aux modifications de leur occlusion dentaire indépendamment de leur type d’occlusion, une minorité d’entre eux ne s’adaptent pas et se plaignent d’inconfort, de sensations altérées et de troubles moteurs. Certains peuvent développer une douleur chronique, même en l’absence de problèmes occlusaux évidents. Ces patients représentent un défi pour le dentiste qui a généralement reçu un enseignement biomédical, à savoir que les symptomes sont l’expression de problèmes physico-somatiques.
Étant donné que c’est souvent le cas, il est nécessaire de reconnaître que les symptômes ne sont pas toujours engendrés par des problèmes d’ordre somatique, mais peuvent résulter d’une interaction complexe entre des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux. De ce fait, il faut considérer le patient dans sa globalité et pas seulement par l’agencement des dents et l’organisation des contacts dentaires. Sans cette prise de conscience, il est impossible de comprendre les patients qui ne s’adaptent pas, tels que ceux qui présentent une dysesthésie occlusale et une incompatibilité de leurs prothèses.
En dépit de l’importance qu’il y a à suivre des directives cliniques strictes lorsque l’on traite l’occlusion, les aspects précédents soulignent le fait que l’adaptation ou la non-adaptation dépend de facteurs autres que le type de reconstruction occlusale, c’est-à-dire des processus neurocognitifs et neurophysiologiques qui régulent la stimulation du système somatosensoriel afférent vers le cerveau à partir des mécanorécepteurs dentaires et orofaciaux. Dans ce contexte, il est important de différencier la sensation de la perception, deux processus distincts mais étroitement liés : la sensation renvoie à la perception d’un stimulus physique transmis par les organes sensoriels, c’est-à-dire le ressenti inachevé d’un stimulus, alors que…