L’érosion dentaire est un phénomène d’usure d’origine acide entraînant la déminéralisation et la dissolution des tissus dentaires calcifiés, sans qu’il y ait implication de la plaque bactérienne. Ce phénomène, progressif et irréversible, se différencie des autres processus d’usures physiques par son caractère purement chimique [1]. Les substances acides responsables de cette perte tissulaire ne sont pas produites par la flore intra-orale elle-même, mais proviennent de différentes sources, qui peuvent être d’origine extrinsèque ou intrinsèque [1, 2] (fig. 1).
Chimie de l’érosion
L’équilibre et la stabilité physico-chimique des tissus dentaires résultent d’une balance constante entre processus de déminéralisation et de reminéralisation. Lorsque cet équilibre est perturbé, et que la reminéralisation ne peut plus compenser la destruction tissulaire, le processus devient pathologique [1, 2].
Les mécanismes chimiques qui conduisent à l’érosion des dents sont complexes et, pour en comprendre les effets, il est essentiel de rappeler ce qu’est un élément acide et son mode d’action.
Un acide est une substance susceptible de céder un ou plusieurs protons H+ qui ont la capacité de se combiner aux ions carbonate et phosphate des cristaux d’hydroxyapatite (HAP). Ces ions hydrogène, lorsqu’ils entrent en contact avec les tissus dentaires, attaquent directement les cristaux qui se dissolvent afin de relarguer les minéraux nécessaires pour rétablir l’équilibre acido-basique. Plus la solution est acide, plus il y a d’ions H+ libérés, et plus ce processus de neutralisation par fuite des éléments minéraux constitutifs de l’émail, de la dentine et du cément (calcium, phosphate) est important. La dissolution ne s’arrête que lorsque tous les ions H+ sont compensés et que la solution n’est plus sursaturée en acides [3]. Cette dissolution se manifeste par une déminéralisation…