Depuis quelques années, une tendance s’observe dans la littérature scientifique mais également chez les industriels dentaires : la mise au point de nouveaux matériaux de restauration d’usage « hybrides » entre les ciments verres ionomères (CVI) et les résines composites. L’idée est d’essayer de cumuler les propriétés avantageuses du couple adhésif-composite (résistance mécanique, esthétique, hautes valeurs d’adhérence) et des CVI (propriétés auto-adhésives, tolérance à l’humidité, relargage ionique).
Cette intention, presque chimérique, a déjà donné lieu, il y a une vingtaine d’années, à la variante résineuse et toujours auto-adhésive des CVI conventionnels : les ciments verres ionomères modifiés par adjonction de résine (CVIMAR), mais aussi à des variantes à relargage ioniques (mais toujours sans potentiel adhésif) des composites : les compomères et les giomers.
Ces produits, à la chimie bien étudiée et décrite, ont rencontré un succès variable et voient leur utilisation se marginaliser dans notre pratique quotidienne – à cause de leurs limitations – par rapport aux CVI-HV ou au couple adhésif-composite.
Récemment, trois nouveaux « composites hybrides », avec un relargage annoncé d’ions fluor, ont été introduits sur le marché : l’Activa Bioactive Restorative (Pulpdent Corporation), le Cention N (Ivoclar-Vivadent) et le Surefil-One (Dentsply-Sirona). Certains de ces matériaux, tout comme ceux cités précédemment sont parfois appelés « bioactifs » en raison de leur relargage ionique bien que l’utilisation de ce terme soit controversée. Il semble qu’un « matériau de restauration capable d’induire une bio-reminéralisation par le biais d’une libération ionique suffisamment importante » puisse être considéré comme bioactif [1].
Le but de cet article en deux parties est de faire le point sur les réactions chimiques à l’origine de la prise et…