En France, la majorité des cancers oraux sont diagnostiqués à un stade avancé, et rarement à un stade asymptomatique [1]. Il est donc important de reconnaître ces lésions au plus tôt, notamment à un stade précancéreux. Les lésions orales à potentiel malin (LOPM) sont cliniquement diverses et hétérogènes (fig. 1). Les plus fréquentes sont la leucoplasie, le lichen buccal et les lésions lichénoïdes. Les autres, de types érythroplasie, leucoplasie verruqueuse proliférante, fibrose sous-muqueuse buccale, kératose actinique, lupus érythémateux, dyskératose congénitale et maladie du greffon contre l’hôte, sont plus rares [2].
Elles ont récemment fait l’objet d’une synthèse sous l’égide de l’OMS : dans 8 % des cas, ces lésions se transforment en tumeur maligne. Les facteurs de risque reconnus sont la dysplasie de haut grade (affirmée par une biopsie de la LOPM), la taille, le sexe féminin, la leucoplasie survenant chez un non-fumeur, le site anatomique et la présence de certaines maladies héréditaires sous-jacentes rarissimes telles que la dyskératose congénitale [2]. Néanmoins, ces paramètres restent imparfaits pour prédire le risque de cancérisation, ce qui justifie que nous devons œuvrer collectivement pour le développement de biomarqueurs, ou de marqueurs prédictifs tels que le « worst pattern of invasion » [3].
Dans l’optique d’améliorer la prise en charge des patients présentant des LOPM, le réseau ReCOL (Réseau de Recherche Clinique en Odontologie Libérale), en partenariat avec le Centre de lutte contre le cancer Léon Bérard de Lyon, a lancé en juin 2021 une enquête en ligne destinée aux chirurgiens-dentistes de France. L’objectif principal de cette investigation était de mieux connaître l’attitude thérapeutique des chirurgiens-dentistes de ville vis-à-vis des LOPM, ainsi que les freins éventuels rencontrés dans leur prise en charge. Les objectifs secondaires étaient de connaître…