L’organisation macroscopique de l’émail dentaire : entre biologie et biomécanique

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  • Publié le . Paru dans Biomatériaux Cliniques n°2 - 15 octobre 2023 (page 6-11)
Information dentaire

L’émail dentaire se forme à raison de 3 µm/jour. En prenant comme donnée établie que l’épaisseur moyenne de l’émail d’une molaire est de 1 800 µm, le temps de formation globale est alors d’environ 600 jours, soit un peu plus d’un an et demi.

Parce que l’émail ne se régénère pas, il laisse une trace indélébile de son processus de formation marqué par des lignes de croissance. Ces dernières s’apparentent aux cernes d’un arbre qui marquent son âge. L’exposition au stress pendant son développement peut perturber ce processus, produisant des lignes de stress (fig. 1) ou un enregistrement localisé de l’expérience stressante qui peut se traduire par des taches d’hypominéralisations (comme comme l'hypominéralisation molaire-incisive). Ces caractéristiques de l’émail (parmi d’autres), visibles au microscope optique à faible grossissement, sont nommées structures « macroscopiques ».

Le but de ce deuxième article d’une série consacrée à l’émail est de s’intéresser à ces structures macroscopiques : de leurs spécificités à leurs implications cliniques.

Après lecture de cet article, le lecteur sera capable de mieux comprendre certaines structures clés de l’émail permettant d’expliquer certains aspects biomécaniques. Une importance particulière est donnée à la signifiance des stries de croissance et d’éventuel(s) épisode(s) de stress physique ou psychologique (fig. 1) ainsi qu’à la jonction amélo-dentinaire (JAD) qui doit être considérée comme une entité à part entière et non pas « juste » comme une simple jonction entre deux tissus minéralisés extrêmement différents.

Nous passerons en revue chacune de ces structures avec des implications cliniques directes sur les propriétés mécaniques ainsi que des propositions de conduites à tenir dans le cas de radiothérapie de la sphère oro-faciale.

Les stries de Retzius et les périkymaties

Ce sont des lignes apparaissant sur des coupes d’émail usées et polies, et qui traversent obliquement l’épaisseur de l’émail de la jonction amélo-dentinaire jusqu’à la surface (fig. 2). Au niveau du bord libre ou des cuspides, elles forment des arceaux. Elles correspondent à un phénomène cyclique de sécrétion par les cellules améloblastiques lié à un rythme de huit jours. Elles sont séparées de 25 à 30 µm, sont moins minéralisées que le reste de l’émail et jouent un rôle dans sa résilience vis-à-vis des forces mécaniques de la cavité buccale.

À la surface de l’émail, les stries de Retzius forment les « périkymaties » : séries de sillons parallèles au collet de la dent, espacés d’environ 60 à 120 µm et correspondant aux lignes formées par les stries à la surface de l’émail.

Cliniquement, ces périkymaties sont des éléments clés signant la texture de l’émail de surface.

La ligne néo-natale

Au niveau des dents temporaires (mais également au niveau des premières molaires permanentes si leur amélogenèse a débuté au troisième…

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