Partie I : approche scientifique
Nous utilisons dans notre pratique quotidienne de nombreux matériaux dans le cadre du traitement des organes dentaires mais aussi des tissus environnants. Ces matériaux doivent entre autres être biocompatibles afin d’être tolérés par l’organisme. La difficulté est d’obtenir un matériau parfaitement toléré par l’organe dentaire d’une part et le parodonte d’autre part, d’avoir de bonnes propriétés biologiques mais aussi biomécaniques afin de répondre aux besoins de traitement de chacune des parties. Ce matériau idéal n’existant pas, cette première partie d’article propose d’analyser brièvement la réponse du parodonte à plusieurs matériaux de restauration afin d’orienter notre choix lors du traitement des lésions carieuses profondes.
Mesures histomorphométriques
L’espace biologique est défini comme l’attache gingivale le long de la racine dentaire allant de la partie la plus coronaire de l’attache épithéliale à la partie la plus apicale de l’attache conjonctive et ne comprend pas le sulcus (fig. 1). Ce terme est fondé sur les travaux de Gargiulo [1] qui, dans une étude sur cadavre, détaillait le complexe dento-gingival chez l’humain. Celui-ci est en moyenne de 2,04 mm, comprenant 0,97 mm d’attache épithéliale et 1,07 mm d’attache conjonctive chez le patient sain. Dans la partie plus coronaire, le sulcus est de 0,69 mm. Cependant, les variabilités sont grandes pour l’attache épithéliale qui peut varier de 1 à 9 mm, tandis que l’attache conjonctive est plus constante.
Cet espace biologique doit être laissé intact lors de procédures de restaurations, au risque de provoquer une inflammation gingivale, une perte d’attache et une perte osseuse. Ces phénomènes sont liés à la réponse inflammatoire destructrice due au biofilm microbien situé sur les restaurations profondes. Cliniquement, ces changements se manifestent par des pertes d’attache, des poches parodontales et des récessions…