La nécessité de changer la position de l’attache du parodonte superficiel à la dent peut avoir différents objectifs : esthétiques, généralement dans le secteur antérieur maxillaire, afin de redonner des proportions dentaires normales en présence d’excès gingivaux ou en fonction d’un projet esthétique d’harmonisation du sourire ; mécaniques, lorsque la hauteur de dentine périphérique résiduelle n’est plus suffisante pour assurer un cerclage correct de la dent à restaurer ; biologiques, qui sont omniprésents dans un cadre prothétique, car le parodonte ne tolère pas que des restaurations coronaires empiètent sur son système d’attache ; multiples, lorsque plusieurs objectifs précédents doivent être atteints.
Dans un but didactique, nous distinguerons deux situations en fonction des deux premiers objectifs. Une première partie abordera l’élongation coronaire dans un cadre de denture naturelle ou de projet prothétique esthétique d’harmonisation du sourire. Une seconde partie sera consacrée aux situations cliniques de restaurations coronaires ou de pertes de substance dentaire qui réduisent la hauteur de dentine périphérique résiduelle et empiètent sur l’espace biologique.
L’espace biologique
L’espace biologique est caractérisé par la distance entre le fond du sulcus et le sommet de la crête osseuse. Quels que soient les objectifs thérapeutiques des procédures d’élongation coronaire, la santé de l’attache de la gencive à la dent (complexe dento-gingival) est la condition qui assurera la pérennité des résultats. Historiquement, cette attache a été décrite et mesurée par différents auteurs dans la première partie du XXe siècle. Les données de Gargiulo et al. [1] sont fréquemment reprises et offrent des valeurs moyennes relevées sur des coupes histologiques (fig. 1). Cette attache comprend une composante épithéliale et une composante conjonctive d’environ 1 mm de hauteur chacune. D’autres…