Des brouilleurs à tous les étages aux conséquences complexes
Notre système hormonal, ou système endocrinien, est un réseau de communication crucial, car jouant le rôle de coordinateur et de régulateur de notre organisme (fig. 1). Il travaille en synergie avec le système nerveux pour ajuster les activités physiologiques du corps : croissance, système immunitaire, fertilité ou encore développement cérébral ou neurocomportemental. Les perturbateurs endocriniens, substances qui par définition sont susceptibles de perturber ce système, sont de plus en plus étudiés. Même s’il persiste des incertitudes sur leurs modes d’action ou de synergie, leur toxicité ne fait plus de doute et participe au développement de nombreuses pathologies chroniques chez l’être humain [2] (tableau 1), mais aussi d’effets néfastes sur l’ensemble des êtres vivants et les écosystèmes. Présents naturellement dans notre environnement (phyto-œstrogènes présents dans le soja, par exemple), ils ont été largement développés par la chimie de synthèse depuis la deuxième moitié du XXe siècle, notamment dans le secteur des pesticides, des plastiques ou encore de la médecine, avec le développement de la pilule contraceptive par exemple.
Ils agissent comme des brouilleurs de notre système hormonal, venant leurrer les récepteurs hormonaux au niveau de nos cellules, en les bloquant ou en les activant de manière inadaptée*. Cette mésinformation pourra entraîner, par exemple, le déclenchement d’une puberté trop précocement.
* Définition des perturbateurs endocriniens : « Un perturbateur endocrinien est une substance ou un mélange de substances, qui altère les fonctions du système endocrinien et de ce fait induit des effets néfastes dans un organisme intact, chez sa progéniture ou au sein de (sous-)populations ». OMS, 2002.