Le recours aux orthèses occlusales dans la prise en charge des Dysfonctionnements temporo-mandibulaires (DTM) douloureux ou non et du bruxisme est très répandu, et ce depuis longtemps (première description de son usage en 1901 par Karolyi cité par Dao et Lavigne [1]). L’orthèse peut être efficiente (effet positif décrit par le patient), pour soulager les patients présentant des douleurs musculo-squelettiques de l’appareil manducateur, tout en sachant que l’obtention de ce soulagement peut être aléatoire. Curieusement, on ne connaît toujours pas le mécanisme par lequel l’orthèse agirait dans le soulagement. Au minimum, on peut invoquer l’effet placebo. Ce dernier et l’effet nocebo son contraire délétère, sont maintenant bien décrits du point de vue neurobiologique au niveau cérébral. L’effet placebo peut être puissant, mais il peut s’épuiser dans le temps. Il intervient dans la prise en charge ou la thérapeutique de diverses pathologies ou troubles dont certaines douleurs [2]. Outre l’effet placebo, l’orthèse occlusale a-t-elle un effet spécifique, c’est-à-dire un effet thérapeutique vrai supérieur à l’effet placebo ? Autrement dit, est-elle efficace ?
On peut répondre à cette question de deux manières, soit par des études cliniques randomisées avec groupe contrôle (« fausse orthèse occlusale »), soit par la compréhension des effets neurobiologiques et biomécaniques occluso-articulaires possibles des orthèses occlusales. Nous évoquerons dans cet article des hypothèses à ce sujet.
Initialement, les orthèses occlusales s’inscrivaient dans le concept où l’occlusion était fortement invoquée dans l’étiopathogénie des DTM. Ainsi, des thérapeutiques occlusales irréversibles plus ou moins invasives semblaient justifiées, telles que les équilibrations occlusales, les traitements prothétiques/de dentisterie restauratrice ou orthodontiques, voire la chirurgie orthognathique. Depuis les…