Un sujet d’inquiétude pour les patients, les médecins prescripteurs, les chirurgiens-dentistes ?
Dans sa pratique quotidienne, le chirurgien-dentiste est amené à déchiffrer et à interpréter les prescriptions médicales habituelles de ses patients. La prise en charge doit tenir compte des éventuels traitements susceptibles d’avoir des conséquences sur les soins dentaires ou sur les actes chirurgicaux.
L’interrogatoire révèle parfois la prise par le patient de bisphosphonates ou de dénosumab pour traiter une ostéoporose. Depuis 2003, l’ensemble de la profession a été informé du risque de survenue d’une ostéite particulière, appelée ostéonécrose des maxillaires (ONM) [1]. Il s’agit d’une atteinte osseuse spontanée ou induite par un geste de chirurgie orale pendant ou après la prise par le patient de traitements regroupant les inhibiteurs de la résorption osseuse (IRO), mais aussi les antiangiogéniques (AA) utilisés dans le cadre du traitement des néoplasies. La survenue de cet événement indésirable peut inquiéter les patients (ou le chirurgien-dentiste) et les faire quelquefois renoncer à prendre le traitement par IRO prescrit par leur rhumatologue ou leur médecin généraliste.
Comment gérer la survenue d’une ONM ?
Définition de l’ONM
La définition de l’ONM doit permettre de bien faire le diagnostic et d’écarter toutes les autres causes d’ostéite possibles.
L’American Association of Oral and Maxillo-facial Surgeons (AAOMS) a proposé en 2014 une actualisation des critères caractérisant l’ONMB (ONM liée aux bisphosphonates) [2].
Elle est définie selon quatre critères :
– traitement par antirésorbeurs osseux, en cours ou antérieur (bisphosphonate, dénosumab, AA, etc.) ;
– exposition osseuse durant plus de 8 semaines ;
– absence d’antécédent de radiothérapie dans la région maxillaire ;
– absence de localisation métastatique au niveau des maxillaires.
L’ostéite peut revêtir différentes formes, en fonction de son évolution :
– stade 0 : aucun signe clinique apparent de nécrose…