Les facettes et composites de classe III et IV : analyse par les éléments finis

  • Par
  • Publié le . Paru dans Biomatériaux Cliniques n°2 - 15 octobre 2024 (page 68-80)
Information dentaire
La méthode des éléments finis est une approche numérique de modélisation, utilisée pour analyser le comportement des structures en décomposant celles-ci en éléments plus simples. Son intérêt en odontologie réside dans son application à la biomécanique dentaire, permettant une comparaison, au sein d’une même étude, des éléments modélisés. Dans ce deuxième opus d’une série de plusieurs articles, nous nous proposons de comparer le comportement mécanique d'une facette en céramique collée sur une incisive centrale maxillaire avec ou sans composite de classe III et IV. Par ailleurs, ces restaurations ont été modélisées avec des options cliniques différentes. Ainsi, les résines composites comparées dans notre étude sont soit de type fluide peu chargé (flow), soit de type microhybride. En comparaison avec le modèle préparé intégralement dans l’émail (sans composites préexistants), les modèles avec composites montrent des déformations et des contraintes localisées auprès des restaurations directes. La proximité d'un composite de classe III ou de classe IV génère des zones de contraintes de traction dans la céramique, et de cisaillement dans la résine de collage. Le composite de classe IV, en particulier, maximise ces contraintes mécaniques. Comme tous les résultats issus d’études par éléments finis, ces résultats doivent être interprétés humblement, et extrapolés à la clinique avec toutes les réserves d’usage. Les augmentations de contraintes observées peuvent se traduire cliniquement par un risque plus élevé de micro-infiltrations et de décohésion, surtout lors de l'utilisation d'un composite fluide à faible module d'élasticité (peu chargé). En les confrontant avec d’autres méthodes d’étude (in vitro/in vivo), elles confirment, en premier lieu, que la préparation d’une face vestibulaire sans englober une restauration directe, doit rester réservée à des cas favorables (volume de composite limité, absence de parafonctions). En second lieu, ces composites devraient être préférentiellement renouvelés en utilisant des matériaux dont le module d’élasticité est élevé et collés avec un protocole clinique minutieux (système adhésif à mordançage préalable, champ opératoire).

Les facettes en céramique, initialement réservées à des indications esthétiques, sont aujourd’hui devenues une option thérapeutique courante en prothèse fixée. Ces éléments prothétiques sont conçus pour répondre aux recommandations actuelles de préservation tissulaire et de gradient thérapeutique [1]. Habituellement réalisées en céramique vitreuse, les facettes nécessitent une grande précision lors de la réalisation de la préparation dentaire et lors de leur collage [2]. Une technique de préparation spécifique, à travers un masque en bis-acryl, permet de minimiser le retrait d’émail au moment de la préparation, tout en assurant un collage optimal à l’émail [3-5].

Des études ont montré que la survie des facettes en céramique diminue significativement en présence d’une exposition dentinaire au niveau de la préparation [6, 7]. Cependant, il est important aussi de considérer d’autres facteurs cliniques, tels que la présence éventuelle de composites de restauration directe (fig. 1).

Cet article se propose d’examiner le comportement mécanique des facettes en céramique collées sur des incisives maxillaires, en comparant les situations où les dents sont intègres avec celles où elles présentent des restaurations directes en composite, de classe III (uni- ou bilatéral) ou de classe IV, en ayant recours à la méthode des éléments finis.

De façon générale, cette méthode, déjà décrite précédemment dans la revue [8], doit être bien interprétée. En effet, malgré sa précision, les paramètres de conception de ces études par éléments finis, incluent des hypothèses simplificatrices qui éloignent les modèles étudiés de la réalité [9, 10]. C’est pourquoi les résultats obtenus se limitent à des comparaisons entre modèles au sein d’une même étude.

Matériels et méthodes

La préparation du modèle

Le succès du traitement par facettes en céramique collée dépend…

Cet article est réservé aux abonnés.
Pour lire la suite :

Vous êtes abonné.e ? Connectez-vous
Mot de passe
oublié ?

Vous pouvez également :

Acheter l'article En version numérique
Acheter le numéro À l'unité

Thèmes abordés

Sur le même sujet

Biomatériaux

Article réservé à nos abonnés Le choix du pilier implantaire : analyser et comprendre

Au travers de cet article, nous proposons un tour d’horizon des différentes possibilités de réalisation en prothèses implantaires, en décrivant...
Biomatériaux

Article réservé à nos abonnés Adhésion / Adhérence : généralités

1/ Qu’apporte la dentisterie adhésive en termes biologiques, biomécaniques et esthétiques ? Sur le plan biologique, l’adhésion permet la préservation de...
Biomatériaux

Article réservé à nos abonnés Les dispositifs médicaux

1/ Quel est l’un des objectifs principaux du règlement européen 2017/745 relatif aux dispositifs médicaux ? A. Faciliter l’importation de dispositifs...
Biomatériaux ODF

Article réservé à nos abonnés Le collage en ODF

Cette série de questions se réfère à l’article « l’assemblage collé en orthodontie (partie 1) : définition et données actuelles » [Biomatériaux Cliniques. 2023;8(2)] 1/...
Biomatériaux

Article réservé à nos abonnés Les composites

1/ Définition d’un composite dans l’industrie, et en dentisterie. Dans l’industrie, un composite est un matériau constitué d’au moins deux...
Biomatériaux

Article réservé à nos abonnés Les Ciments verres ionomères

1/ Quelles sont les différentes applications des CVIMAR ou des CVI haute viscosité (CVIHV) en dentisterie restauratrice ? Les CVIMAR et...