La dentisterie adhésive a connu de nombreuses évolutions et révolutions ces dernières décennies, comme l’avènement du collage aux céramiques, le scellement dentinaire immédiat et les reconstitutions coronaires collées. Du point de vue des matériaux, avant l’arrivée des technologies numériques, les restaurations prothétiques indirectes pouvaient être conçues à partir de deux grandes familles de matériaux : le métal et la céramique. Les avancées techniques qui ont été rendues possibles par les procédés de CAO/FAO ont permis le développement de matériaux dits hybrides, à la croisée des chemins entre les résines composites directes et les céramiques indirectes. L’objectif était de proposer une nouvelle famille de matériau combinant les avantages du composite (bonne aptitude au collage, fort potentiel de réintervention, comportement mécanique…) et ceux de la céramique (propriétés esthétiques optimales, résistance mécanique élevée…).
Cependant, ces blocs dits « hybrides » (BH) ont réussi à s’imposer dans l’arsenal thérapeutique à une vitesse impressionnante, sans qu’il y ait un niveau de preuve élevé et un recul clinique suffisant. Par ailleurs, il existe une confusion sur la terminologie à adopter vis-à-vis de ces nouveaux matériaux. Doit-on parler de résine infiltrée de céramique ou de céramique infiltrée de résine ? A-t-on à faire à une matrice résineuse ou vitreuse ? Et surtout quel est leur domaine d’application ? Le champ des indications se limite-t-il à des restaurations partielles unitaires (inlay, onlay, overlay ou table-top), ou bien est-il possible de les utiliser dans de nombreuses situations cliniques du quotidien (couronne unitaire, facettes ou prothèse implantoportée) ?
Cet article a pour objectif de faire un état des lieux des connaissances sur ces matériaux dits hybrides et de décrire, au travers de cas cliniques, les protocoles à mettre en œuvre et les possibles indications…