Connus depuis le milieu des années 1990 en endodontie [1-3], les biocéramiques continuent de trouver de nouvelles applications. Alors qu’ils ont été longtemps réservés aux traitements des perforations, aux techniques d’apexification ainsi qu’à l’obturation rétrograde, ces matériaux sont désormais disponibles pour l’obturation orthograde.
Ces nouveaux « ciments » biocéramiques ouvrent de nouvelles possibilités en matière d’obturation avec des propriétés chimiques et biologiques intéressantes. Mais bien plus qu’une évolution matérielle, il s’agit là bel et bien d’un changement de concept qui permet de totalement repenser l’étape de l’obturation lors du traitement endodontique.
Concepts de l’obturation traditionnelle en endodontie
L’obturation est une étape clé du traitement endodontique, et fait partie intégrante de la célèbre triade endodontique : désinfection, mise en forme, obturation. Le concept de l’obturation dite « classique » repose essentiellement sur deux protagonistes : un matériau de remplissage, qui est là pour occuper un maximum de place dans l’endodonte, et un matériau de scellement, qui sert à faire le joint entre le matériau de remplissage et la dentine.
Dans les techniques d’obturation utilisées aujourd’hui, la gutta-percha joue le rôle du matériau de remplissage, et le ciment (qu’il soit à base d’oxyde de zinc-eugénol, de résine époxy, d’hydroxyde de calcium…) celui du matériau de scellement. Le ciment représente malheureusement le point faible de l’obturation. En effet, celui-ci est, d’une part soumis à une rétraction de prise après sa mise en place [4-6], et d’autre part à une réaction d’hydrolyse et ce, même après la prise [7,8]. Étant donné que le ciment sera forcément en contact avec un milieu humide, ne serait-ce qu’avec les fluides péri apicaux au niveau du foramen, cette dégradation est inévitable et conduit à la percolation…