Tous les professionnels de santé, y compris les odontologistes, quel que soit leur niveau d’expérience ou leur spécialité, sont un jour ou l’autre victimes de l’effet néfaste des biais cognitifs. L’identification de ces derniers est donc essentielle pour maintenir une pratique bucco-dentaire de bonne qualité.
Or, en odontologie, ce sujet est peu débattu et les études épidémiologiques qui lui sont consacrées sont rares.
Les principaux biais rencontrés en odontologie
À ce jour, aucun biais cognitif spécifique n’est lié à la pratique dentaire en particulier. Les odontologistes sont donc confrontés aux mêmes types de biais que leurs collègues médecins.
La revue systématique de Saposnik et al [8], totalisant 20 études incluses concernant 6 810 médecins de différentes spécialités, a permis d’en recenser 19. Bien que les analyses qualitative et quantitative n’aient pas permis de déterminer de prévalence pour chacun d’entre eux, les auteurs ont pu montrer, toutes études confondues, qu’au moins un type de biais cognitif était identifié par décision médicale erronée. Soixante pour cent des études ont ciblé les biais liés aux erreurs diagnostiques, 35 % ceux qui provoquaient une erreur thérapeutique et 10 % ceux qui faussaient le pronostic. Plus récemment, le rapport Solutions Sécurité Patient (SSP), publié en 2023 par la Haute Autorité de Santé [9], a révélé l’existence de 250 types de biais cognitifs. En nous basant sur les données fournies dans ce rapport et dans 4 revues de la littérature [1, 8, 10, 11], nous proposons de présenter les types de biais auxquels nous pensons être le plus souvent exposés dans notre pratique quotidienne (hospitalière et libérale).
L’effet tunnel ou tunnelisation attentionnelle/mentale (Target fascination, Cognitive tunnel vision, Fixation errors)
La tunnelisation attentionnelle définit une focalisation puissante d’un praticien sur un objectif thérapeutique…