Dans l’éventail des malocclusions, les biproalvéolies occupent une place à part. Lorsqu’elles sont modérées et isolées, le préjudice esthétique et fonctionnel qu’elles engendrent ne justifie pas que l’on entreprenne un traitement orthodontique. Lorsque leur incidence devient plus importante, le plan de traitement doit tenir compte des aspects esthétiques et parodontaux pour définir la valeur de l’ancrage à mettre en œuvre.
Dans les premiers temps de l’orthodontie moderne, l’ancrage n’était pas une préoccupation majeure. Lorsque Edward Angle alignait les arcades de tous ses patients en conservant l’intégralité de la denture, la position des secteurs antérieurs des arcades se trouvait directement déterminée par le rapport entre le volume global de la denture et le périmètre disponible sur les bases osseuses.
Reconsidérant les résultats de ces traitements sans extractions, certains élèves d’Angle, dont Charles Tweed et Percy Raymond Begg, ont assumé l’idée d’avulser des dents permanentes, ceci pour se donner la possibilité de déterminer plus librement la position sagittale finale des incisives dans le profil des patients.
Suivant ce nouveau courant de pensée, les orthodontistes ont suivi pendant très longtemps des prescriptions très précises de repositionnement des incisives, édictées parfois sur la base de critères discutables mais correspondant aux connaissances scientifiques et aux moyens d’investigation de l’époque. La correction presque systématique des biproalvéolies a été une constante orthodontique durant des décennies. Largement influencé par la culture nord-américaine, le repositionnement de l’axe des incisives mandibulaires était l’une des pierres angulaires du plan de traitement orthodontique. Ces repositionnements, parfois radicaux, étaient sous-tendus par des considérations physiologiques, mais également culturelles et ethniques, qui ont évolué au fil du temps.
Les facteurs…