Le chirurgien-dentiste a un rôle central dans la motivation à la réduction ou à l’arrêt de la consommation de tabac, mais aussi dans l’accompagnement au sevrage. L’objectif de cet article est d’évaluer si le tabagisme doit aujourd’hui être considéré comme une contre-indication à l’implantologie ou plutôt comme un facteur de risque de complications et d’échecs accrus.
Effets du tabac sur l’ostéointégration
Plusieurs études précliniques ont montré que ce sont les produits de combustion du tabac qui ont un effet délétère sur l’ostéointégration. En effet, la nicotine administrée seule par voie sous-cutanée n’a pas d’effet néfaste sur les processus d’ostéointégration dans la plupart des études animales sur le sujet [6, 7] : cela confirme que les substituts nicotiniques peuvent être utilisés sans risque en implantologie.
Les effets délétères de la consommation de tabac ont été observés dans plusieurs études animales et sont caractérisés par une altération des paramètres péri-implantaires. Une diminution du contact os-implant et de la densité minérale osseuse a notamment été observée.
Le tabac fumé altère les mécanismes physiologiques de l’ostéointégration par des voies multiples. Les mécanismes physiopathologiques en jeu sont similaires à ceux observés dans les autres tissus, en particulier sur le parodonte : augmentation de la sécrétion de cytokines pro-inflammatoires et du stress oxydatif (radicaux libres oxygénés altérant les composants cellulaires) ; effet vasoconstricteur et altérations vasculaires liées à la nicotine fumée ; effet hypoxique du monoxyde de carbone libéré lors de la combustion. Des effets cytotoxiques de la nicotine fumée sur les fibroblastes (diminution de la migration et de l’adhésion) ainsi qu’une densité osseuse diminuée chez les fumeurs ont été observés. Enfin, le tabac provoque une fibrose des tissus gingivaux et donc une moins bonne résistance…