Verbal et non verbal : jumeau sémiotique, étranger sémantique
Je vous invite à accueillir ce détour par l’analyse philosophique du langage afin d’augmenter l’intérêt et l’éveil de votre curiosité sur cet aspect de notre communication.
Emile Benveniste, philosophe et linguiste français du XXe siècle, nous propose de situer ces notions jumelles de forme afin d’en proposer une première organisation linguistique : « Il y a pour la langue deux manières d’être dans le sens et dans la forme : l’une est la langue comme sémiotique, l’autre est la langue comme sémantique » [1].
Suivant cette lecture linguistique, nous pouvons aisément convenir que l’usage du terme « non verbal » d’un point de vue sémiotique, par sa construction syntaxique négative, induit une incidence sur la compréhension, la sémantique même du mot, sa trace en chacun de nous finalement.
B. Cassin et M. Narcy, dans La décision du sens, proposent une analyse métaphysique du discours d’Aristote et l’art de la rhétorique. Ils évoquent alors l’impossibilité que le même attribut linguistique appartienne et n’appartienne pas en même temps au même sujet sans que cela vienne en perturber le sens. En d’autres termes, pour ce qui nous concerne, comment la communication peut-elle être à la fois verbale et non verbale sans que cela produise une aberration de sens, ou a minima une négligence d’une des deux notions jumelles [2] ?
Ce premier prédicat pourrait nous apporter une piste de réflexion vis-à-vis de l’intérêt ou la connaissance même, souvent minime ou secondaire, que nombre de professionnels du soin apportent à cette lecture de la relation soignant-soigné. Comme une orientation linguistique préalable qui nous conduirait, force de sa rhétorique, à nous intéresser à ce qui est plutôt qu’à ce qui n’est pas.
Bordron vient alors apporter, dans ses travaux sur l’usage de la négation dans le langage, une résolution acceptable…