Parler du fluor n’est pas si simple. En raison de sa haute réactivité, il n’existe pas sous forme isolée et l’on ne devrait parler que de fluorures. En parler est souvent synonyme d’opposition (systémique vs topique, cario-protection vs fluorose), voire de polémique (protecteur vs dangereux). Ces controverses trouvent leur large place dans le débat public, notamment sur internet. Ceci provoque des incompréhensions ou des oppositions de la part de nos patients, dont certains ne veulent que du dentifrice sans fluor et/ou « fait à la maison ». D’où l’idée de partir de quatre questions principales et de tenter d’apporter des réponses en se basant sur la littérature récente et sur les dernières recommandations nationales [1, 2] et internationales [3-6].
Le fluor, comment ça fonctionne ?
En odontologie, nous utilisons des fluorures inorganiques et organiques [7]. Les fluorures inorganiques comprennent les fluorures de sodium (NaF), d’étain (SnF2), de calcium (CaF2), le monofluorophosphate de sodium (MFP) et le fluorophosphate acidulé (APF). Deux fluorures organiques, fluorures d’amines (AmF), sont disponibles actuellement : Olafluor (Elmex ; Colgate) et Fluorinol (Elgydium ; Pierre Fabre Oral Care). Tous ces fluorures agissent avant l’éruption des dents, pendant la formation de l’émail et de la dentine, et après l’éruption.
Fluor et phase pré-éruptive (couronne en formation)
Quels que soient la source et le type de fluor ingéré, les fluorures vont essentiellement aller vers les tissus osseux qui sont la principale zone de concentration du fluor. Dans une dent en formation, les ions F- vont remplacer une très petite partie des ions OH- retrouvés dans les molécules d’hydroxyapatite. Au total, les cristaux de fluoroapatite ou fluorohydroxyapatite représentent moins de 4 % des cristaux d’apatite totaux, essentiellement dans la couche externe de l’émail [7, 8]. Leur action ne peut donc se situer qu’au niveau…