Dans leur pratique clinique, les praticiens rencontrent des situations qui se révèlent délicates à aborder : l’échec d’un traitement, un impondérable ou un incident imprévu avec un matériau, une modification du plan de soin ou un événement inattendu. De tels événements compromettent l’objectif initial escompté et peuvent générer du temps supplémentaire, une perte de chance, voire un surcoût pour le patient. Dans certaines circonstances, il incombe également au praticien d’expliciter à son patient une réalité clinique dont ce dernier n’avait pas conscience, jusqu’à annoncer l’impensable : une maladie grave. Le patient se retrouve donc dans une inconfortable situation de vulnérabilité.
La relation entre un patient et un praticien est synonyme de rencontre, il s’agit d’une co-construction singulière à un moment donné entre deux personnes. Dans ce colloque singulier, chacun arrive avec son vécu, ses attentes et sa temporalité. Dès lors, une entière disponibilité à l’autre est-elle toujours possible ? Quelle attitude adopter pour annoncer l’inacceptable ? Comment annoncer une fâcheuse nouvelle au risque de décevoir le patient ?
Une relation équilibrée ?
Une analyse rétrospective de la relation médecin-malade rend compte d’un certain déséquilibre ayant persisté de nombreuses années. Le praticien était alors dans une position haute, une posture de « sachant » détenant le pouvoir, le savoir et l’information. A contrario, le patient occupait bien souvent une position basse, fréquemment contraint d’accepter sans oser protester. Ce type de modèle paternaliste [1] est aujourd’hui suranné. Il a laissé place à un modèle de décision médicale partagée, qui met en avant un contrebalancement à travers un partage du pouvoir entre les acteurs. Il redonne une place privilégiée au patient ainsi qu’à ses préférences et ses valeurs [HAS 2013] pour aller vers une démarche consensuelle (fig. 1).
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