La presse se fait l’écho d’un malaise grandissant dans notre système de santé. D’un côté des malades insatisfaits, revendicatifs, qui seraient de plus en plus nombreux à porter plainte. De l’autre des médecins, des soignants en grande difficulté, chiffres à l’appui, qui attestent d’un taux croissant d’épuisements professionnels, de dépressions et de suicides.
Si la relation patient-médecin demeure le socle essentiel de tout acte de soin, elle vacille sur ses bases. Essayons de comprendre son évolution à la lumière des transformations profondes de notre société : ses progrès techniques, ses nouvelles formes cliniques, ses politiques de santé et ses valeurs structurelles.
Le témoignage des patients que nous rencontrons montre que la plupart se déclarent satisfaits de leurs médecins et reconnaissants. Ils se sentent en confiance.Il existe, par ailleurs, de nombreux médecins heureux et épanouis dans un travail qu’ils estiment gratifiant.
Ce constat posé, il n’en reste pas moins que quelque chose a changé dans la relation entre patients et médecins, depuis des décennies déjà, qui semble prendre de l’ampleur et qu’il faut pouvoir reconnaître. Le malaise est croissant du côté des médecins (il conviendrait de distinguer l’exercice hospitalier et l’exercice libéral, et les différences entre spécialités), des urgentistes, des internes, dont la souffrance au travail est devenue véritablement préoccupante.
Il ne s’agit en aucune façon d’instruire à charge ou à décharge dans un manichéisme simplificateur, entre “c’était mieux avant !”, “rien ne va plus !” et inversement, mais d’essayer de mettre en lumière les mouvements de société qui conduisent au réaménagement d’une relation aussi investie que celle qui lie un patient à son médecin et le médecin à son patient.
Les transformations du lien médecin-patient sont la conséquence des mouvements de notre histoire : la désacralisation…