La pratique de la prothèse maxillo-faciale (PMF) ne correspond pas seulement aux seules réhabilitations pour les « gueules cassées » de la Première Guerre mondiale, comme on l’imagine trop facilement. Les pertes de substance limitées à la sphère orale sont bien plus fréquentes et concernent les chirurgiens-dentistes, y compris en omnipratique de ville, où la PMF peut considérablement améliorer la qualité de vie de patients ayant déjà connu un grave accident de la vie. La prothèse maxillo-faciale est définie comme « l’art et la science de la reconstruction artificielle du massif facial dans les cas de pertes de substance acquises ou de malformations congénitales » [1]. Les pertes de substance peuvent intéresser le maxillaire, la mandibule ou la face. Leur prise en charge implique toujours une équipe pluridisciplinaire, dans laquelle le chirurgien-dentiste tient un rôle central. La PMF est une discipline peu enseignée dans les cursus initiaux et les possibilités de prise en charge en cabinet libéral de ville sont bien trop faibles. Le praticien qui doit faire face, parfois pour la première fois, à un patient présentant une perte de substance maxillaire ou mandibulaire peut donc se retrouver démuni. L’objectif de cet article est ainsi de présenter et de décrire les pertes de substance les plus fréquentes, ainsi que les dispositifs prothétiques les plus facilement réalisables en cabinet d’omnipratique, en se limitant aux prothèses intra-orales.
Localisation, étiologies et impact fonctionnel des pertes de substance maxillo-faciales
Les pertes de substance maxillo-faciales peuvent concerner le maxillaire, la mandibule ou la face. Nous nous intéresserons uniquement ici aux pertes de substance maxillaires et mandibulaires. Au niveau maxillaire, le défaut peut impliquer le palais dur, le voile du palais ou ces deux structures. Benoist [2] fait la distinction entre les petites pertes de substance (moins d’un quart…