La radiothérapie a un rôle primordial dans la thérapeutique des cancers des voies aériennes supérieures. La prise en charge de l’hyposialie qu’elle engendre est un problème majeur pour le praticien.
Les complications de la radiothérapie externe
La radiothérapie est responsable de manifestations orales aiguës, mais aussi chroniques, directement liées à la dose administrée, au fractionnement, à l’étalement et à l’énergie utilisée.
Les effets secondaires aigus fréquemment observés sont la mucosite radio-induite [1], la dysgueusie ou hypogueusie et la dysphonie [2]. En dehors de l’hyposialie, les effets secondaires chroniques sont liés à l’atteinte du système vasculaire, des glandes salivaires, des muqueuses, du tissu conjonctif et du tissu osseux : ostéoradionécroses, fibrose sous-cutanée, trismus, dys- gueusie, dysfonctionnement thyroïdien, sténose œsophagienne, lésions carieuses post-radiques [3].
L’hyposialie radio-induite correspond à une diminution du flux salivaire, voire à une asialie. À partir de 20 à 30 Gy, l’altération réversible des acini provoque une diminution du flux salivaire. Cependant, à partir de 30-40 Gy, l’hyposialie devient irréversible avec une destruction des acini [4, 5]. Les glandes salivaires ont une récupération dans le temps si la dose moyenne est inférieure à 26 Gy (« effet de seuil »). À partir de cette dose, les glandes ne sont plus dans la capacité de produire un débit salivaire [6]. Avec la radiothérapie, la salive va perdre son pouvoir tampon (le pH peut diminuer à 5 sous l’effet de la radiothérapie), devenir visqueuse, favorisant les micro-organismes acidogéniques et cariogènes [7]. Cette hyposialie va elle-même avoir des altérations sur les fonctions orales : mastication, déglutition, dysphonie et gustation. La muqueuse buccale devient fragile avec une cavité orale devenue sèche, provoquant des douleurs, une difficulté de réhabilitation prothétique…