La douleur postopératoire (DPO) fait partie intégrante de tout acte chirurgical, secondaire à l’activation de mécanismes biologiques participants à la cicatrisation tissulaire locale. Cependant, en raison de son impact sur la qualité de vie du patient et de l’impotence fonctionnelle qu’elle génère, la DPO est une source importante de stress et d’anxiété qui ralentit la récupération fonctionnelle après l’intervention [1]. Comme pour toute autre forme de douleur, la prise en charge et la prévention de la DPO sont des impératifs légaux, éthiques et déontologiques [2].
Les interventions chirurgicales de la région orale sont particulièrement fréquentes, réalisées le plus souvent chez des patients sains. À ce titre, le chirurgien-dentiste, et de surcroît le chirurgien oral, est régulièrement confronté à la problématique de la prévention et de la gestion de la DPO dans sa pratique quotidienne.
Malgré l’existence de nombreuses molécules antalgiques efficaces et l’amélioration de la compréhension des mécanismes physiologiques de la douleur [3], de nombreux patients rapportent une prise en charge insuffisante de leurs DPO pérennisant la mauvaise image des soins bucco-dentaires au sein de la population générale.
Fort de ce paradoxe, cet article a pour objectif de faire une mise au point sur les mécanismes physiologiques de la DPO et de proposer une rationalisation de la stratégie antalgique [4] à mettre en œuvre pour la prendre en charge et la prévenir en chirurgie orale.
Physiologie de la douleur postopératoire
La compréhension des mécanismes moléculaires sous-tendant l’apparition d’une DPO a été grandement améliorée par le développement de modèles animaux de douleur post-incisionnelle (notamment le modèle d’incision plantaire chez le rat). Il a ainsi été possible de montrer que la douleur postopératoire est une entité spécifique qui ne résulte pas d’une simple inflammation locale ou d’une…