La dépulpation préventive dans le but d’éviter les sensibilités postopératoires, autrefois enseignée et pratiquée couramment, est aujourd’hui assimilable à une mutilation et pourrait faire l’objet d’une condamnation [2], car les conséquences néfastes sont nombreuses :
– la diminution des propriétés biomécaniques du fait de l’ouverture de la chambre pulpaire [3] ;
– des rapports bénéfice/risque (mécanique, infectieux et pathogène) et bénéfice/coût financier très défavorables pour le patient ;
– une dyschromie éventuelle ultérieure de la dentine ;
– l’altération de la proprioception initialement présente sur une dent pulpée qui affaiblit la protection de cette dernière contre les forces masticatrices. Une dent dépulpée requiert ainsi 2,5 fois plus de pression pour enregistrer la même réponse proprioceptive aux forces masticatrices qu’une dent pulpée [4] ;
– la pulpe vivante et saine est aussi la plus sûre barrière à l’invasion bactérienne [5].
Par ailleurs, et contrairement à beaucoup d’idées reçues, il est aujourd’hui admis que lorsque la perte structurelle coronaire résiduelle d’une dent dépulpée est minimale, l’ancrage radiculaire n’est pas indiqué. En effet, l’usage du tenon ne renforce pas la dent mais la fragilise :
– en augmentant la perte tissulaire due à la préparation canalaire ;
– en accentuant le risque de fractures irréparables ;
– en sollicitant mécaniquement la racine exagérément.
De ce fait, et comme le rappelle le Professeur Urs Belser [6], les délabrements coronaires sans tissus dentaires résiduels suffisants et corrects mécaniquement pour un collage de qualité devraient rester les seules indications de la couronne périphérique unitaire. Même si elle a encore sa place dans notre arsenal thérapeutique, son indication en première intention s’est considérablement limitée au profit des restaurations moins mutilantes.
À chaque fois que cela est possible, il faut…