Jusqu’où peut-on conserver dans les cas de fêlures ?

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  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire n°37 - 30 octobre 2019 (page 72-85)
Information dentaire

Le fait de conserver des dents sur l’arcade le plus longtemps possible est un succès [1, 2]. Cependant, malgré leur capacité à résister à des charges répétées tout en maintenant leur forme et leur fonction, les dents sont susceptibles de se fissurer, voire de se fracturer [3]. Les fêlures dentaires représentent ainsi, par leur grande incidence, un enjeu important dans notre quotidien de chirurgien-dentiste. Le traitement que nous aurons à envisager sera différent selon le type de fêlure. Il doit s’inscrire dans le respect du gradient thérapeutique, de façon à rester minimalement invasif tout en limitant les risques d’évolution négative. Dans cet article, après avoir rappelé brièvement l’étiologie et la classification de ces fêlures, nous détaillerons le protocole mis en place dans notre cabinet libéral depuis 34 mois, pour enfin exposer nos résultats et les solutions possibles en cas d’échec.

Étiologie des fêlures dentaires

Les causes occlusales

Une malocclusion, une parafonction, ou encore une mastication unilatérale peuvent susciter des fêlures par contacts exacerbés et mal répartis. Le stress inhérent au mode de vie contemporain est un facteur supplémentaire favorisant les habitudes nocives comme le bruxisme ou le serrement des dents (« clenching ») [4]. L’émail montre alors une fatigabilité et se fissure. Le traitement devra d’abord consister à rechercher la cause de surcharge occlusale, puis à l’éliminer.

Les soins dentaires

Tout soin dentaire fragilise la dent puisque sa réalisation est successive à un problème carieux ayant délabré la dent. L’amalgame étant aux antipodes d’un soin biomimétique, par sa composition et sa forme de préparation nécessitant des contre-dépouilles, il génère des tensions internes sur les parois résiduelles, surtout quand elles sont fines. Les composites ne sont pas en reste : s’ils sont de grande étendue et que leur force de contraction de prise n’est pas correctement considérée, ils peuvent générer des flexions cuspidiennes non négligeables [5].

L’examen clinique

L’entretien s’oriente sur différents points [6]. Le patient voit-il une fêlure et, si oui, est-elle colorée ? Ressent-il une douleur à la pression, à la mastication, au sucre, à la chaleur ou au froid ? A-t-il déjà eu des soins dentaires ou des fêlures restaurées précédemment ? Pratique-t-il un sport de contact ? Est-il stressé ? Quelle est son alimentation ? Présente-t-il une onychophagie ou mâchonne-t-il son crayon ou un autre élément ? Sent-il localement un gonflement ou une mobilité ?

À l’examen clinique, le praticien observe les dents à la recherche de fêlures. Il réalise les tests au froid, au chaud et à la percussion. Un sondage périphérique est réalisé et la mobilité évaluée. En cas de fêlure, un examen radiologique complémentaire est effectué pour étudier la…

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