Introduction
Discret car mesurant moins de 3 cm, le frein lingual est au centre d’une polémique. Lorsqu’un frein de langue est dit « restrictif », il se retrouve alors au cœur d’un véritable enjeu thérapeutique et économique intéressant différents spécialistes : chirurgiens oto-rhino-laryngologistes (ORL), chirurgiens-dentistes spécialistes en chirurgie orale, orthodontistes, pédodontistes, puéricultrices, spécialistes de l’allaitement, kinésithérapeutes maxillo-faciales, orthophonistes et ostéopathes. De multiples problématiques sont à l’origine de l’absence de consensus sur la nécessité d’intervenir ou non : comment évaluer la fonction du frein lingual, à partir de quand devient-il « restrictif », en quoi est-ce délétère pour le patient, à quel moment le geste chirurgical est-il nécessaire, quelles sont les précautions à prendre en cas d’intervention ? En 2010, l’Organisation Mondiale de la Santé met l’accent sur l’évaluation de l’ankyloglossie dans le cadre du soutien aux difficultés d’allaitement [1]. Dans le même temps, en France, les sociétés savantes et les associations de professionnels concernées par la santé du nourrisson et de l’enfant ont alerté sur l’augmentation anormale des frénectomies buccales. En tant que kinésithérapeutes maxillo-faciales, nous sommes forcément confrontés à cette problématique du fait de notre formation, et nous essayons de proposer la solution la moins invasive pour le patient.
Appel à vigilance
Depuis quelques années, le sujet des freins restrictifs linguaux suscite un regain d’intérêt pour le monde médical. En 2017, Walsh et al. [2] notent une hausse remarquable de frénectomies aux États-Unis avec des chiffres significatifs : en 1997, 3 934 patients diagnostiqués, 1 633 frénectomies réalisées et en 2012, un ratio de 32 837 freins courts pour 12 406 opérés, soit une augmentation de…