On doit concevoir le spectre clinique des infections à SARS-CoV-2 comme une pyramide ayant les formes asymptomatiques pour base et les décès pour sommet (fig. 1). La forme de cette pyramide peut changer en fonction des comorbidités, des facteurs ethniques et socio-économiques, de l’âge et des outils diagnostiques disponibles et, peut-être, des souches virales. La pyramide chez l’enfant est ainsi beaucoup plus petite et beaucoup plus plate que celles des adultes.
Entre le moment de contact avec le SARS-CoV-2 et les formes les plus graves peuvent se succéder plusieurs étapes en cascade : exposition, infection (mise en évidence du virus et/ou sérologie positive), maladie bénigne, maladie grave, décès (fig. 2).
Le passage d’une étape à l’autre dépend de différents facteurs extrinsèques et intrinsèques (fig. 3). Ces mêmes facteurs pourraient expliquer que, parmi les membres d’une même famille, dormant dans la même chambre sans aucune protection, certains seront infectés, avec des symptômes plus ou moins marqués, alors que d’autres ne seront pas contaminés.
Facteurs extrinsèques et intrasèques
Parmi les facteurs extrinsèques, trois sont importants à souligner :
- le premier est la quantité de virus infectants (inoculum). Dans de nombreuses maladies infectieuses, la gravité de la maladie peut être proportionnelle à l’inoculum. Cela semble aussi être le cas pour le SARS-CoV-2 : une élégante étude réalisée dans des casernes suisses a montré que, lorsque des mesures barrières ont été mises en place, le nombre de militaires infectés a été réduit de façon significative, et que, parmi les sujets infectés malgré les mesures barrières, la proportion de sujets symptomatiques a diminué de façon encore plus nette [2]. Certains auteurs ont suggéré que le port du masque pouvait agir comme une « variolisation », de petites quantités de virus pouvant immuniser le sujet…