Les troubles de l’appareil manducateur ont fait couler beaucoup d’encre et de sueur et ont engendré de nombreuses dépenses. Leur histoire est marquée par des débats médicaux, scientifiques et juridiques qui ont accompagné l’évolution des concepts, de la terminologie et des classifications, ainsi que des traitements. Un effort considérable a été entrepris pour documenter et collecter des données médicales dans des champs variés (épidémiologie, biologie, évaluation psychosociale, etc.), financé principalement par le National Institute of Health (NIH) américain. Il témoigne d’une volonté de compréhension médicale, d’un souci d’éliminer les pratiques inutiles ou iatrogènes et de définir des thérapeutiques efficaces pour le bien commun du patient et de la société. L’histoire est intéressante car elle illustre le passage d’une approche mécaniste à une vision médicale intégrée [1] (fig. 1). Elle continue à s’écrire [2].
OPPERA
Parallèlement aux efforts portant sur l’évaluation de la validité, de la fiabilité des diagnostics des Dysfonctionnements temporo-mandibulaires (DTM) et sur l’amélioration de leur taxonomie (fig. 2) à des fins de recherche et de clinique, le NIH a sollicité en 2004 des propositions d’étude de cohorte prospective visant à « identifier l’incidence de la douleur et des dysfonctionnements crânio-faciaux ainsi que leurs facteurs de risque » en s’éloignant « de la recherche des contacts occlusaux » pour se tourner vers les « allèles de vulnérabilité » [3]. Le projet Orofacial Pain: Prospective Evaluation and Risk Assessment (OPPERA), est la première vaste étude prospective multicentrique ayant pour but d’identifier les facteurs de risque biopsychosocial et génétique déterminant la survenue des DTM et leur transition vers la chronicité [4]. Le projet, incluant quatre études, comportait une collecte de données épidémiologiques…