Dans une salle de cinéma, par exemple, la plus grande partie des places se remplissent toujours selon le même schéma : chaque nouvel arrivant, s’il ne connaît personne, choisit la place la plus éloignée de celles déjà occupées. Ce sont des comportements qui sont naturels, des rites automatiques ; faire le choix du juste milieu pour ne pas offenser les autres ni trop près ni trop loin et préserver son intimité. Idem pour les plages pendant les périodes estivales où l’on n’hésite pas à agrandir son territoire en étalant exagérément sa serviette ou les jouets des enfants. Et puis, lorsque l’on se trouve dans le métro ou le bus aux heures de pointe, lieu où la densité est trop importante pour que les distances interpersonnelles puissent être respectées, nous ressentons comme une gêne, et apparaissent des comportements de repli sur soi et d’évitement qui seront allégés pour beaucoup d’entre nous par la lecture et la musique.
Le concept de distances interindividuelles élaboré par H. Hediger chez l’animal a été transposé par Edward T. Hall pour l’espèce humaine dans son livre la dimension cachée et a donné naissance à la proxémique qui est l’étude de la perception et de l’usage de l’espace par l’homme.
« La dimension cachée », c’est l’espace que l’homme maintient entre lui et les autres, qu’il construit autour de lui à la maison ou au bureau. L’espace personnel désigne les bulles, les enveloppes psychiques dont s’entoure l’individu, une sorte de zone socio-émotionnelle qui constitue un moyen d’adaptation à l’environnement. C’est l’expression d’un espace comme étant personnel, le sien. Aussi, se place-t-on plus loin d’une personne si l’on est avertie qu’elle est froide et inamicale comparativement à une personne que l’on nous a décrite comme ouverte et sympathique. Nous remarquons que les rapports à l’espace, aux distances, sont différents aussi d’une culture à l’autre.