L’abandon des principes mécanistes de Black au profit d’une dentisterie a minima basée sur la préservation tissulaire couplée aux progrès des matériaux adhésifs et l’avènement de biomatériaux permettent aujourd’hui d’envisager, dans un grand nombre de situations cliniques, de conserver la dent pulpée et d’assurer le succès thérapeutique de nos restaurations. Encore faut-il procéder initialement à une évaluation de l’état pulpaire.
À ce titre, la problématique posée fréquemment avant de restaurer des dents pulpées se résume très souvent à savoir si la dent peut être conservée vivante ou si l’on doit procéder à sa dépulpation.
Mais, plus que l’état pulpaire initial, il s’agit de connaître le potentiel réparateur pulpaire de l’organe dentaire à traiter et d’en activer, le cas échéant, les mécanismes d’action.
La dépulpation préventive afin d’éviter les sensibilités postopératoires, autrefois enseignée et pratiquée, est aujourd’hui assimilable à une mutilation volontaire (1) car les conséquences néfastes sont nombreuses :
• la diminution des propriétés biomécaniques par l’accès à l’endodonte (2),
• un rapport bénéfice/risques (mécaniques, infectieux et pathogènes) et bénéfice/coût très défavorables pour le patient,
• une dyschromie éventuelle ultérieure de la dentine,
• l’altération de la proprioception initialement présente sur une dent pulpée qui affaiblit la protection de celle-ci contre les forces masticatrices. Une dent dépulpée requiert ainsi 2,5 fois plus de pression pour enregistrer la même réponse proprioceptive qu’une dent pulpée aux forces masticatrices (3).
La pulpe vivante et saine est aussi la plus sûre barrière à l’invasion bactérienne (4). Elle contient, en effet, comme tous les tissus conjonctifs lâches, des cellules immunocompétentes. Trois types cellulaires y ont été identifiés : les cellules dendritiques, les macrophages (qui…