Souvent reléguée au rang de sujet accessoire, l’ergonomie se trouve pourtant au cœur de chacun de nos gestes. L’International Ergonomics Association définit l’ergonomie comme « la discipline scientifique qui vise à la compréhension fondamentale des interactions entre les humains et les autres composantes d’un système, et la profession qui applique principes, théories, données et méthodes en vue d’optimiser le bien-être des personnes et la performance globale des systèmes ». S’intéresser à l’ergonomie, c’est avant tout accepter une remise en question perpétuelle pour adapter notre pratique aux attentes et aux moyens du moment. Cette démarche peut aboutir à des modifications profondes de nos actions, ce qui, indéniablement, a un impact majeur sur nos traitements.
Depuis de nombreuses années, cette discipline trouve un fort écho dans les domaines de l’aéronautique, de l’industrie et de la médecine. L’exercice presque exclusivement libéral de la dentisterie est peut-être à l’origine d’une exploitation limitée de l’ergonomie dans l’univers de la médecine bucco-dentaire. Pourtant, tout praticien gagnerait à engager des réflexions ergonomiques sur son activité. Souvent réduite à la prévention des troubles musculo- squelettiques (TMS), l’ergonomie a une approche bien plus globale. Il en existe trois dimensions : l’ergonomie physique, qui, outre la posture de travail, va s’intéresser à l’usage des outils ; l’ergonomie cognitive, qui s’intéresse à la façon d’organiser ses idées, à la mémorisation, à la gestion du stress et à la charge mentale ; et l’ergonomie de l’organisation, qui s’intéresse aux protocoles d’accueil et de soins du patient et à la gestion des ressources humaines.
Tous ces niveaux de l’ergonomie permettent de répondre à trois objectifs : mieux soigner les patients, préserver l’équipe soignante et optimiser la productivité (fig. 1).