Le microbiote oral se forme pendant les premières années de la vie sous l’influence de nombreux facteurs, génétiques mais aussi environnementaux comme les déterminants périnataux, le type d’alimentation ou l’apparition des dents qui accueillent des espèces particulières [3]. Une fois établi et hors contexte de stress majeur, le microbiote oral reste relativement stable au cours de la vie et se caractérise par une extrême spécificité d’hôte. Ainsi, les variations individuelles intra et inter-phyla le façonnent et le rendent unique tel une empreinte digitale, avec des écosystèmes spécifiques à la cavité buccale (la salive, la face dorsale de la langue, les autres muqueuses et les dents).
Microbiote oral : de la symbiose à la dysbiose
Dans des conditions physiologiques, les micro-organismes constituant ce microbiote entretiennent avec les cellules des muqueuses orales un dialogue moléculaire constamment orchestré par une réponse immune tolérogène (fig. 1a et b). Leurs relations sont naturellement symbiotiques, diversifiées et complexes en raison des interactions réciproques [4]. Grâce à ce processus permanent, les cellules de l’hôte perçoivent non seulement l’identité des micro-organismes, mais également leurs position et densité. L’objectif premier de la réponse de l’hôte est donc bel et bien d’instaurer une inflammation physiologique contrôlée préservant les micro-organismes qu’elle reconnaît comme symbiotiques et détruisant précocement ceux qu’elle ne tolère plus en raison de leur potentiel pathogène. In fine, l’enjeu ultime de la réponse immune est de maintenir les fonctions vitales du microbiote oral [5] : effet de barrière empêchant la fixation des micro-organismes exogènes, implication dans la maturation du système immunitaire et la structure des muqueuses, hydrolyse des sucres végétaux complexes, production de nutriments et de vitamines, détoxification des xénobiotiques alimentaires…