Les douleurs associées aux dysfonctionnements temporo-mandibulaires (DTM) coexistent souvent avec les céphalées (maux de tête). Cette comorbidité entraîne une synergie négative qui affecte significativement la santé physique et mentale des patients tout en détériorant leur qualité de vie. Il est donc important de diagnostiquer et de prendre en charge ces troubles douloureux cooccurrents. Ces étapes restent cependant difficiles à effectuer en pratique courante car les douleurs associées aux DTM sont multifactorielles et car les céphalées peuvent être : i) primaires et, dans ce cas, comorbides d’un DTM douloureux, ou ii) secondaires et, dans ce cas, symptomatiques d’une autre pathologie qui peut être un DTM. De plus, les céphalées peuvent présenter des similitudes sémiologiques, et la douleur associée à une céphalée peut en masquer une autre. Face à ces difficultés, l’objectif principal de cet article est de revenir sur certaines données fondamentales permettant de mieux comprendre les liens de comorbidité (causalité et/ou réciprocité) entre les douleurs liées aux DTM (myalgie/arthralgie) et certaines céphalées prévalentes. Les objectifs secondaires sont de présenter les critères diagnostiques et les recommandations de prise en charge de ces troubles douloureux cooccurrents.
Les dysfonctionnements temporo-mandibulaires
Définition
Le terme DTM englobe une trentaine de troubles musculo-squelettiques qui impliquent les articulations temporo-mandibulaires (ATM), les muscles masticateurs, leurs tissus associés, ainsi que les céphalées attribuées à un DTM (CADTM) (fig. 1) [1].
En ne prenant en compte que les études transversales qui utilisent les critères diagnostiques RDC/TMD (Research Diagnostic Criteria for Temporo Mandibular Disorders) [2], la prévalence des DTM dans la population générale :
- varie entre 6 et 13,3 % pour les douleurs myofasciales, avec une prédominance (9,7 %) pour les douleurs…