Le mystère des DTM douloureux
Les dysfonctionnements temporo-mandibulaires (DTM) regroupent un ensemble de pathologies musculo-articulaires intéressant l’articulation temporo-mandibulaire (ex. : déplacements discaux et condyliens, arthralgie) et les muscles masticateurs (ex. : myalgie locale, douleur myofasciale). Celles-ci sont à l’origine d’altérations de la cinématique et de la fonction mandibulaire, parfois accompagnées de bruits articulaires et/ou de douleurs (spontanées ou à la fonction). Ces pathologies sont classées au sein d’une classification diagnostique : les Diagnostic Criteria for TemporoMandibular Disorders (DC/TMD), dont la dernière version, toujours d’actualité, date de 2014 [1].
Sur le plan épidémiologique, les DTM sont des pathologies fréquentes, avec une prévalence d’environ 30 % de la population générale pour les formes articulaires [2]. Néanmoins, seuls 7 % de ces patients présentent une forme douloureuse [2], souvent chronique, parfois sévère, et ce, malgré de faibles altérations tissulaires locales [3].
Pendant longtemps, les DTM douloureux ont été classés dans le groupe des pathologies douloureuses dites « dysfonctionnelles », c’est-à-dire sans lésion ou pathologie locale significative à l’examen clinique, mais qui seraient secondaires à la somatisation de problèmes psychologiques/psychiatriques, avec une stigmatisation évidente de ces patients et de leur plainte [4]. Cette étiquette était validée a posteriori par la présence fréquente de comorbidités anxiodépressives et l’existence de patients présentant les mêmes atteintes fonctionnelles (ex. : déplacement discal réductible) mais asymptomatiques.
Néanmoins, une telle explication, absolument pas étayée par la littérature scientifique (corrélation n’est pas causalité !), n’apporte que peu de perspectives thérapeutiques pour des patients très démunis face à leurs douleurs. En outre, les psychothérapies…