La pression à laquelle sont soumis les soignants est une préoccupation qui a pris de plus en plus d’ampleur ces dernières années, notamment du fait de l’évolution de la relation soignant-patient, des avancées des sciences et techniques qui complexifient les pratiques et de la multiplication des tâches administratives [1]. Plus encore que d’autres activités, les soignants sont concernés par l’épuisement professionnel. Un sur deux est ou a été touché par le burn-out au cours de sa carrière [2]. La pandémie de coronavirus en cours exacerbe cette situation à un niveau inédit. Dans ces circonstances, le milieu médical apparaît comme un milieu à sécuriser.
Ce sujet alarmant est de plus en plus documenté (thèses de médecine, études scientifiques, articles) et pose un certain nombre de questions, tant les conséquences peuvent être graves pour les soignants eux-mêmes et leurs patients. Il est ainsi au cœur de l’article du Dr Isabelle Moley-Massol « La relation malade-médecin en souffrance(s) ? » (à lire p. 38 de ce numéro), initialement publié dans un dossier consacré au burn-out des professionnels de santé et pour lequel elle a remporté un Grand Prix éditorial 2020 du SPEPS [1].
Nous savons aujourd’hui que le stress extrême et chronique altère les performances intellectuelles et physiques. La difficulté à dire « non » à certaines demandes de patients et/ou à ralentir quand le soignant se sent à bout de forces peut jouer, dans ce contexte, un rôle déterminant. Les facteurs humains sont en effet la première source d’erreurs en médecine et ce, indépendamment de la compétence du professionnel de santé.
Dans cet article, nous aborderons les effets délétères du stress sur notre organisme, et en particulier le stress lié à la dissonance cognitive et ses conséquences. Ce mécanisme survient lorsque nos actes et nos pensées entrent en contradiction, notamment lorsque nous n’avons pas su dire ou se dire…