Comprendre, évaluer, prendre en charge une personne douloureuse est non seulement un devoir éthique, mais également une priorité de santé publique (1) et une obligation médico-légale (loi du 4 mars 2002). Parmi les douleurs orofaciales amenant les patients à consulter en urgence, 85 % sont d’origine endodontique (pulpaires et/ou périapicales) (2). La douleur pulpaire est un phénomène complexe issu majoritairement de processus inflammatoires résultant d’agressions le plus souvent bactériennes (3), mais elle fait également intervenir des composantes affectivo-émotionnelles, co-gnitives et comportementales (4). Pour gérer les urgences douloureuses il est donc nécessaire de :
1) comprendre la douleur et ses mécanismes
2) évaluer la douleur du patient et poser un diagnostic précis
3) mettre en œuvre une stratégie de prise en charge du patient. Cette dernière aura pour objectifs de gérer l’anxiété du patient, de stopper l’évolution d’un processus pathologique, de prévenir les complications potentielles du processus pathologique en cours, sans compromettre le pronostic de la dent, et ce au moyen d’un acte thérapeutique simple, rapide et efficace. Dans cet article, nous exposerons quelles sont les clés pour établir un diagnostic précis en situation d’urgence, et quelles sont les étapes cliniques des différentes thérapeutiques d’urgence.
Les pathologies endodontiques associées à la douleur
L’inflammation pulpaire
En raison de la structure tubulaire de la dentine, une fois la couche amélaire rompue, il existe un moyen de communication direct entre l’environnement buccal et la pulpe. Toute stimulation sur la dent (bactérienne, physique, chimique) va donc avoir une répercussion au niveau pulpaire : la libération de médiateurs inflammatoires à l’origine du processus d’inflammation pulpaire. La quantité de médiateurs libérés est fonction de l’intensité de l’agression et déterminera directement l’intensité…