Des carcinomes épidermoïdes qui se cachent !

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  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire n°11 - 17 mars 2021 (page 19-21)
Information dentaire
Les carcinomes épidermoïdes de la cavité buccale se développent quasiment tous sur une muqueuse remaniée. La plupart sont secondaires à une intoxication éthylo-tabagique et, le plus souvent, ils se présentent sous une forme ulcéro-bourgeonnante. Histologiquement, il s’agit surtout de carcinomes épidermoïdes moyennement ou peu différenciés, ce qui sous-entend qu’ils sont en général rapidement invasifs et qu’ils donnent souvent des métastases. Quelques carcinomes épidermoïdes se développent sur une muqueuse remaniée par un lichen plan buccal, certaines génodermatoses, une kératose idiopathique… Dans ce cas, le carcinome épidermoïde est souvent précédé par un carcinome verruqueux et il est histologiquement bien différencié, ce qui signifie que, généralement, il se développe lentement et qu’il est peu agressif.

CAS 1

Motif de la consultation

Patiente de 90 ans, toujours très alerte physiquement et mentalement, adressée par un chirurgien-dentiste pour une lésion linguale.

Histoire de la maladie

• Dernièrement, elle s’était décidée à consulter le chirurgien- dentiste le plus proche de son domicile car elle s’était mordue plusieurs fois la langue et cela entraînait des saignements prolongés car elle était sous Xarelto® pour une fibrillation auriculaire.

Interrogatoire

• Cette patiente, qui n’a jamais fumé ni consommé d’alcool, se souvenait de m’avoir consulté dans les années 80 pour un lichen plan buccal qui, après une brève période d’activité, ne s’était plus manifesté. Ces derniers mois, il lui est arrivé à plusieurs reprises de se mordre la langue, sans que cela n’occasionne vraiment de douleurs mais, à chaque fois, il y a eu un saignement persistant.

Examen clinique

• On observait une volumineuse tumeur verruqueuse, exophytique, de 3 x 4 cm, non douloureuse, siégeant sur le milieu du bord droit de la langue. La surface comportait par endroits de fines digitations et était parcourue par quelques fissures. La protraction linguale n’était pas limitée. À la palpation, il n’y avait pas d’adénopathies cervico-faciales.

Examen paraclinique

• Après un arrêt momentané du Xarelto®, une biopsie a été réalisée à cheval sur la limite antérieure de la tumeur. L’extrémité du prélèvement intéressant la tumeur était ulcérée et montrait une prolifération épithéliale exo- et endophytique, avec des projections papillaires à sommet arrondi, recouvertes d’une couche de parakératose qui, par endroits, s’invaginait entre les massifs épithéliaux. Ces derniers étaient constitués par un épithélium hyperplasique et acanthosique, focalement spongiotique, avec de nombreuses cellules à cytoplasme clair. Dans les couches profondes de l’épithélium, on observait…

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